Winnie l’ourson et la Journée internationale des câlins

Tu ne peux pas rester dans ton coin dans la forêt en attendant que les autres viennent à toi. Parfois il faut aller vers eux. 

winnie l’ourson

En cette Journée internationale des câlins, où nos contacts physiques sont toujours limités, je me tourne vers mon ourson préféré : Winnie. Winnie qui, avec ses paroles naïves mais emplies d’amour, rassure les enfants et émeut les grands. Divisés en plusieurs petites histoires plus charmantes les unes que les autres, ces livres sont toujours une source de réconfort et de sourires garantis, me ramenant aux jours insouciants de mon enfance. Je les relis parfois en espérant, un jour, pouvoir faire découvrir les sages paroles de l’ourson à un tout-petit à mon tour.

Alors aujourd’hui, agissez comme Winnie, allez vers quelqu’un. Offrez un câlin, réel ou virtuel, à un proche, afin de réchauffer son cœur dans ce creux hivernal et lui permettre d’oublier quelques instants tous ses soucis.

Et, je sais bien, ce n’est pas Winnie sur la photo, mais malheureusement je ne possède pas de peluche du fameux ourson! Alors voici son cousin, Wilfried.

Et vous, quelles lectures vous réconfortent? Et quelles histoires aimeriez-vous faire (ou avez déjà faites) découvrir à un enfant?

Bonne Journée internationale des câlins!

Lecture en parfaite compagnie

Vivre avec un Berger Australien (et ça tient aussi pour bien d’autres races de chiens) c’est vivre avec : du poil, de l’énergie, aucune vie privée, un lit jamais vide, mais surtout, de l’amour à l’infini. 

Lire avec un Berger Australien c’est avoir un museau qui pousse le livre jusqu’à ton nez, une patte entre les pages et des jouets qui apparaissent de nulle part sur tes jambes.

Alors, on flanche, on s’habille pour nos grands froids Canadiens et on va dehors. On lance la balle, on court après cette boule d’énergie qui ne veut pas nous donner la balle, mais plutôt qu’on l’attrape (peut-être qu’il trouve qu’on a pris un peu trop de poids pendant le temps des fêtes???) et on re-lance la balle. On tente de cacher la balle dans la neige, mais la petite fripouille est plus vite que nous. Donc on le fait sauter, coucher, asseoir et sauter encore. 

Finalement… Finalement, quand les pattes commencent à lever (le poil ça fait pas tout quand même par nos froids!), on s’installe, tout collés, avec un bon chocolat chaud et un excellent livre. Et à cet instant, lire et vivre avec un Berger Australien, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps. 

Et vous, avez-vous un parfait compagnon de lecture?

Les hommes cruels ne courent pas les rues

Les hommes gentils, c’est triste, mais on ne les aime pas. On les aime beaucoup, mais sans plus. Vous connaissez une femme qui a perdu la tête pour un gentil garçon? Moi, non. 

KATHERINE PANCOL, LES HOMMES CRUELS NE COURENT PAS LES RUES

9/10 ★

Ce livre nous raconte, en parallèle, l’histoire d’une petite fille et celle d’une femme. La petite fille, elle vit son premier amour, le premier amour de toutes les petites filles; son papa. Son papa pour qui elle est une princesse; la plus belle, la plus intelligente, la plus incroyable. Il le lui promet; il n’aimera jamais une autre femme autant qu’elle. Puis, on a l’histoire de la fille devenue femme. Elle n’a jamais pardonné à son père les abandons après les promesses, les abandons après les mots doux, les abandons après l’espoir. Elle cherche son père et le voit partout; dans les grands hommes, les cheveux noirs, les grandes mains aux ongles arrondis. Il est partout et nulle part à la fois. Et, bien qu’elle le cherche, lorsqu’elle le trouve, aussitôt c’est le dégoût; non, ce n’est pas ce qu’elle veut! Pas de mots doux, pas de promesses. Parce que finalement, aimer, c’est facile. Mais se faire aimer, ça, c’est une bataille.

Je n’ai pu m’empêcher de lire les différentes critiques des lecteurs faites sur ce livre et ai été surprise de voir à quel point les lecteurs l’ont mal reçu. J’ai pensé « mais pourquoi est-ce que moi je l’ai aimé? »

Je l’ai aimé car, lorsqu’on lit Katherine Pancol, on lit des couleurs, des émotions, des odeurs, des saveurs et des instants. Lorsqu’on lit Pancol, on lit la vie. Avec une écriture vibrante et des personnages imparfaits (mais vivants!), on glisse sur les pages de ce roman.

Je l’ai aimé, car il est vrai. Toutes les relations père-fille ne sont pas identiques, toutes les relations ne sont pas toxiques, mais je suis loin d’être celle (et bien que je l’adore, ça ne vient pas de Pancol non plus) qui a inventé la théorie du « le premier amour d’une fille, c’est son père », ni le terme « fille à papa ». Pancol nous transporte dans l’extrême avec la relation père-fille la plus toxique possible, avant qu’on passe à la violence. D’ailleurs, l’auteure ne prétend pas que ses personnages ont une relation saine et à prendre comme modèle dans ce livre et, je crois, de prétendre le contraire en le critiquant c’est de l’avoir seulement survolé.

Nos papas sont, pour la majorité, le premier homme qui nous aime lorsque nous venons au monde. Ils représentent l’homme idéal, l’homme parfait, le héros. On veut le rendre fier, notre papa, car il nous fait sentir belle et grande. Il y a dans le regard une lueur qui dit « ma princesse ». Mais la vie n’arrête pas et arrive un jour la puberté, le désir de vivre et ressentir un autre genre d’amour. Et parfois (souvent?), le regard de notre papa change. Tous les hommes ne sont pas les mêmes et je crois que, pour beaucoup, c’est inconscient, mais il y a une part du père qui voudrait rester le premier et seul amour de sa fille. Un amour inconditionnel et, bien sûr, chaste, mais le seul. Consciemment, ils savent nos papas que c’est impossible, que ce n’est pas ça la vie et ils veulent notre bonheur. Ils veulent que nous trouvions l’homme parfait, celui qui ne nous blessera pas, celui qui nous fera grandir, celui qui nous traitera comme une princesse. À la fois celui qui nous traitera comme il nous a traité, mais il ne veut surtout pas que ce soit quelqu’un comme lui, car notre papa, lui, il le sait qu’il n’est pas parfait. Il le sait qu’il est un homme plein de failles, de fautes et de faiblesses, même si nous, nous ne le savons pas encore, même si pour nous, c’est encore un héros.

Alors nous avons le combat et l’apprentissage du père et de la fille. Le père qui doit accepter les hommes que sa fille choisira, le père qui devra accepter que sa fille devienne une femme comme les autres, elle aussi, pleine de fautes et de faiblesses. Non, ce n’est pas une princesse sans faille, sa fille.

La fille, devenant femme, elle, doit apprendre à voir son père tel qu’il est. Un être humain qui peut prendre de mauvaises décisions, faire des faux pas et n’est pas un héros infaillible. Elle doit accepter le regard qui change, arrêter de chercher la lueur qui nous fait sentir comme une princesse. Non, nous ne pouvons pas rester la fille à papa toute notre vie, car nous devenons des femmes. Dans un monde idéal et lorsque nous avons une relation saine, après avoir accepté ces changements, il reste toujours l’amour inconditionnel d’un père pour son enfant, la fierté d’avoir élevé cette femme, imparfaite, mais incroyable. Il reste l’amour puissant d’une femme pour son papa, aussi puissant d’avoir été le premier. Cet amour qui accepte un papa qui n’est pas infaillible, mais qui semblera toujours un peu plus grand que tous les autres papas. Car c’est le mien.

Elle lui avait demandé l’impossible.

Elle avait demandé à tous les autres hommes l’impossible.

À cause d’un héros qui n’existait pas.

Mon papa…

Mon papa nul…

Ça lui était complètement égal…

Quelle importance? 

katherine pancol, les hommes cruels ne courent pas les rues

La fuite

On peut tout fuir, sauf sa conscience. 

Stefan zweig
Fuir
Verbe intransitif
(latin populaire *fugire, du latin classique fugere)
Ne pas faire face à quelque chose, chercher à y échapper

Tel le roulement des vagues sous elle, les battements de son cœur étaient assourdissants. L’air était lourd, humide et goûtait le sel. Les ombres noires qui la suivaient depuis son plus jeune âge l’avaient rattrapée et il n’y avait plus aucune issue possible, sauf une : sauter.

Juste avant le choc, elle s’éveilla; elle avait trouvé une solution. Déterminée et délestée d’un poids qu’elle portait depuis trop longtemps, elle prépara un sac d’essentiels. Ce n’était pas une décision logique, brillante ou rationnelle, mais elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle se sentait comme un ballon qu’un enfant distrait relâche; la seule direction possible était vers le haut. Elle savait que la chute viendrait, lente, brutale et immanquable, mais pour le moment, elle voyait le soleil au-dessus des nuages.

Les soubresauts irréguliers de l’autobus l’empêcheraient de s’endormir pendant le trajet, lui offrant tout le temps de réfléchir. Elle réfléchit à toutes les pires choses qui pourraient lui arriver lors de sa fuite.

Elle pourrait ne pas trouver un refuge, s’endormir dans la rue, recouverte d’un manteau de neige et ne jamais s’éveiller.

Elle pourrait devoir faire face à de réels monstres, à défaut de ceux qui se trouvaient dans ses rêves.

Elle pourrait devoir oublier ses valeurs pour manger, pour survivre.

Elle pourrait se faire rattraper par son passé et devoir fuir à nouveau.

Elle pourrait réaliser qu’elle sera la source de souffrances pour ceux qu’elle aime et ne jamais se le pardonner.  

Toutefois, le pire qu’il pourrait arriver, elle pensa, serait que personne ne la cherche. Oui, l’oubli serait plus terrible que tout.

Mais elle n’avait pas le choix. Elle ferma les yeux.

Non, elle ne voyait aucune autre solution.

Fille de nuit

Un cœur de verre, des mains de soies
L’esprit tourmenté, la langue liée
Fille de nuit, elle n’a plus de voix. 
La langue tordue, l’esprit violé
Fille de Molière, où sont tes mots ?
Parle-leur, crie-leur, enflamme-toi
Ton sourire, ton rire, tout sonne faux;
Tu as si peur de faire le grand saut.
Fille de cœur, où sont ton espoir, ton amour et ta foi?
Fille d’automne qui a eu tant à offrir
Je n’entends maintenant que tes sombres soupirs.
Jeune esprit qui a si peur de tomber, 
Craint chaque mouvement, refuse d’avancer
Fille de glace, ton cœur se refroidit
Ton esprit ne compte plus les mensonges.
Tes mots se figent, dans tes pensées ta poésie gît
Tu t’es perdue, même dans tes songes.
Fille du ciel, fille du monde, ne ment plus;
Fille de la mer, ne te noie pas pour un passé
N’abandonne pas pour un avion perdu.
Tu te crois incapable d’honnêteté,
Incapable de croire et même d’aimer,
Mais un jour, fille de nuit,
Tu retrouveras tes mots, ton appui
Il y aura une fin à cette nuit, un éveil;
Tu seras alors fille du soleil.

Le Jeu de l’ange – Carlos Ruiz Zafón

Ce lieu est un mystère. Un sanctuaire. Chaque livre, chaque tome que tu vois à une âme. L’âme de celui qui l’a écrit et l’âme de ceux qui l’ont lu, ont vécu et ont rêvé avec lui. Toutes les fois qu’un livre change de main, toutes les fois que quelqu’un parcourt ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. Ici, les livres dont personne ne se souvient, les livres qui se sont perdus dans le temps, vivent pour toujours, en attendant d’arriver dans les mains d’un nouveau lecteur, d’un nouvel esprit… 

Le Jeu de l’ange, roman de Carlos Ruiz Zafón, traduit par François Maspero.

Le cimetière des livres oubliés

David Martín, jeune écrivain talentueux, se voit présenter une offre qu’il n’aurait pas imaginée dans ses rêves les plus fous. Après des années à écrire des nouvelles banales sous un faux nom et pour des éditeurs qui ne reconnaissent pas son talent, il rencontre un mystérieux éditeur français qui semble voir en lui l’écrivain, l’artiste, d’une génération. Cet éditeur, un chèque en blanc en main et les moyens de remettre David sur pieds, est prêt à tout lui donner en échange d’un livre pour lequel les hommes seraient prêts à tuer et être tués. Le jeune auteur ne se trouve pas en position de refuser, mais s’il accepte cette offre, quelles en seront les conséquences?

Dans la Barcelone de 1920, l’auteur nous transporte encore une fois dans le monde du cimetière des livres oubliés, avec, comme toujours, la lecture et l’écriture au cœur de l’histoire. On y retrouve les Sempere et leur librairie, l’auteur nous ouvrant une petite fenêtre sur l’histoire de cette famille avec laquelle nous avons commencé l’aventure dans « L’ombre du vent ». Au-delà des retrouvailles avec les personnages, j’ai également retrouvé la plume d’un auteur dont la prose me manquera lorsque j’aurai lu tous ses livres. Une prose qui berce, caresse, rassure et fait rêver est toujours présente dans ses livres, en plus d’idées qui sont si bien présentées qu’elles nous paraissent nouvelles.

La foi et la biologie

Toute observation de la réalité l’est par nécessité. En l’occurrence, le problème réside dans le fait que l’homme est un animal moral abandonné dans un monde amoral, condamné à une existence finie et sans autre signification que de perpétuer le cycle naturel de l’espèce. Il est impossible de survivre dans un état prolongé de réalité, au moins pour un être humain. Nous passons une bonne part de notre vie à rêver, surtout quand nous sommes éveillés. Je vous l’ai dit : simple biologie.

Andreas Corelli, Le Jeu de l’ange, roman de Carlos Ruiz Zafón, traduit par François Maspero.

Lors d’une rencontre entre David et le mystérieux éditeur, ceux-ci se retrouvent dans un argument sur ce qu’est la foi. L’éditeur prétend que la foi n’est qu’une question de biologie, tel que l’exprime l’extrait ci-dessus. L’humain tel qu’il est n’aurait pas d’autres choix que d’avoir la foi, la capacité de croire en quelque chose de plus grand et de rêver, car la finité de son existence serait trop déprimante autrement. Est-ce cynique ou réaliste?

Auparavant, j’aurais probablement trouvé ce point de vue plutôt cynique bien honnêtement, mais face à la crise mondiale avec laquelle nous vivons depuis plus d’un an, je réalise que la capacité de rêver et de croire est ce qui a permis à beaucoup d’entre nous de ne pas chavirer. À défaut de pouvoir voyager et socialiser physiquement, nous devons trouver d’autres moyens de voyager à l’extérieur de la bulle à laquelle nous sommes confinée. Avec les technologies d’aujourd’hui, nous avons l’embarras du choix; les visites de lieux culturels et de musées virtuelles, le cinéma en ligne, les vidéoconférences, etc. Mais il faut tout de même avoir la capacité de rêver pour apprécier l’expérience, imaginer qu’on se trouve sur place et trouver des alternatives. J’ai été déçue par beaucoup de gens cette année, et je ne suis probablement pas la seule, mais j’ai découvert également que l’imaginaire humain est sans limite et chaque fois que j’y pense, j’ai le sourire aux lèvres. Cela m’amène à me demander si l’Homme rêve et a la foi car il est humain, ou si c’est le rêve et la foi qui font l’Homme?

Le Shack – W. Paul Young


J’ai eu ce livre dans ma bibliothèque pendant quelques années avant de finalement me décider à le lire. Si vous en avez entendu parler, vous avez probablement eu vent des commentaires de gens affirmant que cette histoire a changé leur vie, les a illuminés sur le rôle et la présence de Dieu dans nos vies. Vous avez peut-être aussi entendu des commentaires, moins fréquents, de gens que ce livre n’a, non seulement pas touché, mais choqué également. Pour ceux qui ne le connaissent pas, je débuterai avec le résumé qui se trouve en quatrième de couverture.

Résumé

Missy, la cadette des filles de Mackenzie Allen Phillips, a été enlevée lors des vacances en famille. Certains éléments pouvant démontrer qu’elle a sans doute été victime d’un meurtre abject ont été trouvés dans un shack abandonné au fin fond d’une région sauvage de l’Oregon. Quatre ans plus tard, en proie à son Grand Chagrin, Mack reçoit, apparemment de la part de Dieu, une invitation à se rendre à nouveau à ce shack pour y passer un week-end. Au mépris du bon sens, Mack arrivera au shack par un après-midi d’hiver et réintègrera son pire cauchemar. Ce qu’il y trouvera changera sa vie à jamais. Dans ce monde où règnent d’indicibles souffrances, où donc est Dieu? Les réponses qui seront révélées à Mack vous ébahiront, et peut-être vous transformeront-elles autant qu’elles ont réussi à le métamorphoser.

Ce que j’en pense…

L’histoire, bien que triste, est intéressante. J’ai ressenti avec les personnages la détresse dans laquelle ils se sont retrouvés suite à la perte de leur fille et sœur, Missy. Le sentiment de culpabilité pour certains et d’impuissance pour d’autres. Le Grand Chagrin que l’auteur décrit (et qu’il dit avoir lui-même vécu, à la fin du livre), est ce monstre noir qui se cache en chacun de nous et parfois, pour certains, fait surface; la dépression. Un sujet dont on parle difficilement et qui est, pour une fois, bien apporté dans un roman. Pas de stéréotype ni d’exagération; simplement une douleur et un vide difficile à surmonter que plusieurs personnes ont vécu. Ce vide ne nous empêche pas d’aller travailler le matin ni d’avoir une famille ni de parler ou même rire parfois, mais il rend toutes ces actions plus difficiles. Chacun le vit différemment et j’ai aimé que l’auteur y inclut le nom qu’il lui donnait lui-même du temps qu’il le vivait. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, la suite inclura des « spoilers ».

Le livre n’a pas changé ma vie. Il m’a fait grandement réagir, mais pas comme la majorité des critiques que j’avais entendues. Mon problème n’est pas que le personnage principal ait une conversation avec Dieu, ni que Dieu soit si familier avec celui-ci, ni même qu’il lui écrive un mot qu’il dépose ensuite dans sa boîte aux lettres. J’ai eu beaucoup de difficulté avec ce que Dieu lui demandait de faire, qui se résume à : « cesse d’essayer de vivre indépendamment de moi (nous), il y a seulement ainsi que tu pourras être en paix ». On le comprend un peu, entre autre, dans ce passage où Dieu explique la réelle intention derrière les dix Commandements :

« En vérité, nous voulions que vous renonciez à essayer d’êtres justes par vous-mêmes. Les Commandements sont le miroir qui devait vous montrer à quel point votre visage est sale quand vous insistez pour vivre indépendamment de nous. »

Dans cet extrait, et dans la suite de la conversation, Dieu veut montrer à Mack qu’aucune loi ne devrait exister, car les lois font seulement en sorte que certaines personnes se sentent supérieures aux autres et que les dix Commandements sont une promesse faite à l’humanité; la promesse que si nous vivons dépendamment de lui (Dieu), il déposera la paix et le bonheur en nous.

Donc ma paix, mon bonheur, ne pourrait qu’exister qu’avec Dieu, car Dieu sait mieux que personne ce qui nous apportera du bonheur puisqu’après tout, nous ne sommes qu’une création, sa création. La paix, ou le bonheur, serait donc une chose unique. Pas unique à chaque humain, non, mais quelque chose que tous les humains peuvent atteindre d’une seule et unique façon. Et c’est un principe auquel je ne crois pas.

Avec tous les livres que je lis, alors pourquoi parler de celui-ci? Parce qu’il ne se veut qu’à moitié fictif. L’auteur s’est inspiré de réelles conversations qu’il a eues avec Dieu lors de son Grand Chagrin. Je ne prétends pas que ces conversations sont fausses, seulement qu’elles peuvent être le sujet de grandes discussions. Si elles sont vraies, alors il n’y aurait qu’un seul bonheur et une seule façon de l’atteindre, ce qui peut sembler plutôt déprimant pour certains. Si elles sont fausses, malheureusement plusieurs personnes pourraient les prendre à la lettre et ne jamais chercher indépendamment leur paix et en souffrir s’ils ne la trouvent jamais.

Mes questions

À votre avis, est-ce que la paix (avec vous-même) et le bonheur sont la même chose? Croyez-vous que le bonheur soit unique à chaque personne où est-ce un état que chaque personne peut atteindre de la même façon? Finalement, vous, qu’avez-vous pensé de ce livre?

La colère des héros

« Chante, déesse, la colère d’Achille, le fils de Pélée; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d’âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel- pour l’achèvement du destin de Zeus. Pars du jour oèu une querelle tout d’abord divisa le fils d’Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille. »

Homère, traduit par Paul Mazon, prélude de l’Iliade

Iliade

Cette fameuse légende d’Homère racontant, en un poème épique, les trois derniers mois de la guerre de Troie durant laquelle de multiples dieux et héros s’affrontèrent avec véhémence. Parmi les vingt-quatre chants qui composent ce poème, un thème s’y présente de façon récurrente; la colère. La colère d’Achille (la plus connue et le thème principal du poème), la colère d’Ajax, la colère de Zeus, la colère d’Arès, etc.

La colère a presque mené les Achéens (Grecs) à leur perte et leur a fait perdre de nombreuses vies inutilement. Enragé de s’être fait enlever son esclave Troyenne, Briséis, Achille refuse de se battre de nombreuses semaines durant. Étant leur plus grand guerrier, les Achéens (Grecs) perdirent du terrain et durent se retrancher derrière leur mur pour survivre. Finalement, ce fut également la colère qui fit revenir Achille sur le terrain. L’émotion le submergea lorsqu’il apprit la mort de Patrocle, son meilleur ami, par la main d’Hector, prince de Troie. Il s’en fut alors vers Troie, la rage au cœur, tuer Hector. On peut se demander comment cela aurait fini pour les Achéens si le roi Priam de Troie, après avoir perdu son fils, s’était laissé aller à la colère comme notre fameux héro. Mais il n’en fut pas ainsi.

« Va, respecte les dieux, Achille, et, songeant à ton père, prends pitié de moi. Plus que lui encore, j’ai droit à la pitié; j’ai osé, moi, ce que jamais encore n’a osé mortel ici-bas : j’ai porté à mes lèvres les mains de l’homme qui m’a tué mes enfants. Il dit, et chez Achille il fait naître un désir de pleurer sur son père. »

Ainsi, par ces paroles et ce geste de soumission, que plusieurs diraient insensés, le roi Priam récupéra le corps de son fils qu’il put enterrer honorablement.

Une roue vicieuse

La colère est une roue perfide et vicieuse qu’il est difficile de briser mais qui, si personne ne le fait, roulera sans fin. S’il avait pensé à ses actions, aux répercussions que celles-ci avaient sur les autres, Achille n’aurait peut-être pas perdu son meilleur ami et le roi Priam, son fils. Ce poème nous montre parfaitement les deux réactions extrêmes que l’humain peut avoir lorsqu’il se fait entraîner dans cette roue; la vengeance et la haine ou la compréhension et le pardon. Souvent ça se résume à cela.

Vous avez probablement déjà vécu une situation où quelqu’un s’emportait contre vous pour une raison qui vous semblait injustifiée et vous avez été mis face à ce dilemme : je pardonne ou j’embarque dans cette roue? Ça m’est arrivé récemment, pas plus tard que hier, au travail. Ce travail, ça fait un peu plus de six ans que je le fais et malgré tout, certains clients trouvent encore le moyen de passer au travers la « carapace d’employée » que je me suis faite depuis tout ce temps. Je ne sais pas si ce client vit des choses difficiles dans sa vie qui font qu’il s’emporte facilement, ou si ça fait simplement longtemps qu’il tourne avec la roue de la colère, mais hier c’est moi qu’il a essayé d’y entraîner. Ce client avait décidé de faire affaire avec un autre département de la compagnie qui m’emploie pour commencer, puis avec mon département pour terminer. Malheureusement, je ne pouvais pas lui offrir ce qu’on lui avait promis auparavant. Alors je comprends le pourquoi de sa colère; le temps perdu, le sentiment d’incompréhension, faire face à ce qui lui paraît être de l’incompétence. Mais hier, il était impossible qu’il comprenne que ce n’était pas de ma faute. J’étais devenue, à ses yeux, incompétente, stupide, paresseuse, nommez-les. Vous savez quoi? Ça a gâché le reste de ma journée. J’ai pleuré au travail, puis encore le soir en revenant chez moi. J’ai été à moitié présente pour le reste de mes clients cette journée-là, même les plus sympathiques. Je faisais mon possible pour leur donner toute mon énergie, mais j’en étais incapable parce que j’étais encore complètement en colère contre ce client qui ne voulait rien comprendre.

Finalement, le soir en me couchant je me suis souvenue d’Achille et de Priam dans ce livre que j’ai lu il n’y a pas très longtemps. Je me suis souvenue combien j’avais trouvé futile la mort de Patrocle à cause de la colère de son ami et comment j’avais trouvé le roi Priam honorable. Bien sûr, ma situation n’était pas la leur, mais le parallèle avec nos vies est intéressant. À la fin de la journée, qui croyez-vous était le plus en paix avec lui-même? Achille qui a perdu son meilleur ami par sa faute et qui nourrit encore sa colère même s’il a tué Hector, ou Priam qui a su mettre fin à la roue de sa colère afin de récupérer le corps de son fils pour lui offrir un enterrement honorable? Même en commettant le plus horrible et condamnable des actes, tuer quelqu’un, Achille n’aura jamais vécu en paix avec lui-même jusqu’à la fin de ses jours. Alors j’ai inspiré profondément et j’ai fait une Priam de moi; j’ai brisé la roue de la colère avant la nuit. Je vivrai probablement des situations où il me paraîtra presqu’impossible de pardonner à quelqu’un, mais si je ne commence pas aujourd’hui, comment saurai-je le faire?

On voit souvent la colère comme l’émotion des guerriers, des héros, comme une émotion forte qui permet d’accomplir des choses incroyables, mais je crois que dans la réalité elle nous freine plus qu’elle nous pousse. Je ne crois pas qu’on doit bannir la colère de nos vies entièrement, mais lorsqu’elle n’est pas canalisée vers quoi que ce soit de pertinent et qu’elle n’est pas temporaire, elle est plus nocive pour la personne qui la cultive que pour la personne vers qui elle est dirigée. Donc prenez une grande inspiration et laissez aller, pensez à Priam et Achille.

« Le vrai héros est celui qui vainc sa propre colère et sa haine »

Tenzin Gyatso, DALAÏ-Lama

Le livre d’or

Entre une myriade de mots, entassée,
Depuis des décennies, oubliée,
Perdue dans une librairie de livres usagés
Une histoire parmi tant d’autres, fatiguée.

Sur de jolis rêves, voguant,
Sur de lointains nuages, volant,Nous ne sentîmes point ces mains,
Nous ne vîmes point ce sourire feint,
Nous, les mots, nous crûmes partis si loin!

Puis, Ô doux regard, douce chaleur;
Entre les lignes nous reprîmes chemin.
Caressant et admirant la reliure dorée, rêveur
Respirant, au creux des pages, les mots et leur senteur;
Ici-bas s’installa une nouvelle, agréable chaleur
Ainsi, nous rencontrâmes cet étranger avec bonheur
Et nous nous ouvrîmes à cet inattendu lecteur.

Sur nous s’ouvrent des yeux qui ont lu un océan de mots
Fûmes-nous les premiers, il ne nous en aurait que moins aimé.
Nous ne puissions qu’espérer être ses derniers.
D’histoires et de mots terribles il a eu son lot,

Avec patience et douceur nous nous accordâmes;
Les si, les mais et les peut-être nous glissâmes
Entre le présent, le futur et le conditionnel.
Nous endurcîmes les rimes frêles
Et aimèrent, aujourd’hui et demain, corps et âme.

Parmi cette myriade de mots,Sous une montagne de pages,
Aujourd’hui, c’est nous qui sommes lus.
Dans la librairie, parmi le lot
Nous sommes sortis de notre cage;
Aujourd’hui, un lecteur nous a vus.

Demain retournera-t-il à ses classiques?
Tout lecteur aime les histoires magiques
Mais connait-il, des contes, la fin tragique?
Cher Lecteur, qu’aimes-tu finalement de nous
Si nous n’offrons ni aventure ni magie?
Aimes-tu réellement l’histoire que nous écrivons,
Ou l’idée de l’histoire que nous pourrions écrire?

Dernier chapitre, nous t’offrons notre dernier atout
Dernière fois, entendre et écouter ce rire,
Dernier espoir d’un lecteur aimant et assagis
Pour une nuit encore, nous rêverons;
Le livre d’or, ensemble, nous écrirons.

Cher Journal …

L’écriture est une délivrance qui, phrase après phrase, mot après mot, devient un esclavage.

– Anatole Bisk (Alain Bosquet)

27 Février 2001
Une petite fille timide vient de recevoir son premier roman pour son 7ème anniversaire. Un tout petit roman jeunesse, néanmoins SON roman. Le premier quelle déposera dans sa bibliothèque, plus tard florissante. Il est environ 6h du matin, elle doit se préparer pour l’école, mais pas question qu’elle attende avant d’en dévorer les 25 pages qui le composent! Elle le lit donc en s’habillant, en déjeunant et, finalement, à peine 5 minutes avant de devoir partir, elle le pose fièrement sur la table en s’écriant « J’AI FINI ». Elle savait déjà qu’elle aimait lire, puisqu’elle le faisait avec ses parents. Des livres jeunesses informatifs, des contes adaptés pour les enfants, et l’année précédente, le premier tome d’Harry Potter avec sa mère. Mais c’était le premier qu’elle lisait complètement seule, qu’elle ne se faisait pas raconter ni expliquer. En savourant le regard surpris de ses parents, elle réalisa qu’un monde merveilleux s’ouvrait à elle : le monde des mots.

Les romans s’accumulèrent dans sa bibliothèque et, quelques années plus tard, elle découvrit qu’elle n’aimait pas seulement lire les mots, mais également les écrire. Elle s’ouvrit au monde de la poésie et s’essaya ensuite avec des nouvelles. Toujours en projet d’écriture, elle n’a toutefois jamais complété un roman à ce jour. Aujourd’hui, étudiante en traduction, je peux fièrement dire que je n’ai jamais laissé mourir la passion des mots de la petite fille en moi. Je vous entend d’ici « Un autre blog sur les livres? Il n’y en a pas assez? » Premièrement, non, il n’y en aura jamais assez. Même deux blogs parlant exactement des mêmes livres seraient complètement différents, car chaque lecteur vit une aventure unique avec le livre qu’il lit; même si des millions de lecteurs l’ont lu avant lui. Deuxièmement, je le fais principalement pour moi. Me trouvant limité par la quantité de caractères maximale sur la plupart des réseaux sociaux, j’ai décidé de répertorier ici mes lectures marquantes et de m’épancher autant que je le désire sur mes sentiments face à celles-ci. Et finalement, je publierai également parfois des articles divers, parlant de tout et de rien, des choses qui me touchent, ainsi que de la poésie.

Je ne me prétend ni poète, ni critique, ni écrivain, seulement passionnée. Donc si je peux, ne serait-ce qu’avec une seule personne, partager cette passion des mots qui me brûle depuis mon plus jeune âge, j’en serai comblée.

Si par un heureux hasard vous lisez ces mots, n’hésitez pas à me partager les lectures qui vous ont fascinés, comblés, bouleversés ou tout simplement fait sourire. Car une bibliothèque n’est jamais pleine, elle ne fait que s’agrandir.

Gen R.

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