
Soleil

Découvrez la passion des mots
Je suis fatiguée
Des non-dits qui s’immiscent
dans nos têtes et nos coeurs, rampants
et silencieusement, noircissent
les tableaux de nos histoires.
Invisibles jusqu’au retentissement
de l’explosion. Trop tard;
dans nos coeurs assourdis et aveuglés,
seuls résonnent nos silences essoufflés.
Je suis fatiguée
Des compromis qui foncent
dans une direction, une voie,
une autoroute sans fin; sortie bloquée.
Je détourne mon regard le temps
de te voir, parallèlement;
comment peut-on espérer,
se retrouver, dis-moi,
si nos routes divergent?
Je suis fatiguée
Des accusations qui martèlent
les murs de mon esprit.
Un coup, deux coups, trois coups;
le loup est bien entré.
Y a-t-il plus fragile que la paille?
Car un seul mot suffit
pour que, de dégoût,
mon coeur se laisse envenimer
envers lui-même.
Je suis fatiguée
Des histoires répétées.
Le jour de la marmotte, mais
quelle est la leçon?
Je te le demande, te le crie.
Dis-moi, car au bout du chemin c’est la folie
qui m’attend, avec en main un blouson.
Répond-moi, si tu sais,
car mon coeur n’a plus la force d’éclater.
Ou plutôt, si. Mais plus celle de se réparer.
Je suis fatiguée
D’être fatiguée.
De sentir le pois, la nuit
et le poids, le jour
sous moi ou sur moi, elle me suit
pour le meilleur ou le pire, pour toujours;
je ne pourrai y échapper.
Je suis sensible
et je suis fatiguée.
Il m’arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. Si l’on est tant soit peu sensible, on est écorché partout et tout le temps.
Françoise Sagan
Les fleurs du printemps sont les rêves de l’hiver, racontés au petit matin, à la table des anges.
Khalil GIBRAN
Il y a de ces livres que l’on trouve seulement dans le fond d’une librairie en désordre. Une librairie qui, pour certains, paraît mal aimée et abandonnée. Mais, à mon avis, ce sont les dans ces librairies que l’on trouve les livres les plus aimés. Au cœur de celles-ci se cachent ces libraires qui ne peuvent pas faire de choix, qui empilent les livres les uns sur les autres; il n’y a pas de coup de cœur et tout peut devenir un classique. Dans ces librairies qui sentent le papier jauni et où la poussière danse dans les quelques rayons de soleil qui y pénètrent, j’ai trouvé mes plus marquantes lectures. Dans ces librairies, je ne lis pas la quatrième de couverture, je ne cherche pas les recommandations. Je sens les livres du bout des doigts, j’ouvre une page au hasard et je lis quelques phrases. Je laisse l’auteur me parler, puis je choisi; ce n’est jamais une décision réfléchie, c’est une émotion. Il n’y a aucun livre choisi ainsi que j’ai regretté, aucune histoire qui ne m’a laissé indifférente.
Il y a des rencontres qui me rappellent ces librairies, ces livres choisis avec le cœur. Des rencontres qui surviennent alors que nous avons le regard par-dessus l’épaule, des rencontres qui semblent n’être qu’une virgule ou une parenthèse, mais qui deviennent des chapitres, voire des romans à elles seules. Contrairement aux « coup de cœurs », à ces livres recommandés et attendus où l’on peut prédire chaque émotion, où les larmes et les rires sont calculés, on ne sait pas ce que vont nous faire les livres méconnus et inattendus. Mais que vaut une vie calculée au sourire et à la larme près?
J’ai vécu une vie coup de cœur, j’ai laissé derrière les vieilles librairies désordonnées pour une librairie aseptisée et bien rangée. Une librairie où tout est classée et où chaque émotion à sa place : « N’allez pas plus loin, ce dont vous avez besoin est ici » disent les présentoirs à l’entrée. Pour pleurer? Premier présentoir. Pour rire? Deuxième présentoir. Tout est propre. Noir et blanc; esthétiquement plaisant. J’ai oublié. Les librairies usagées, les livres méconnus, l’inattendu, moi-même.
Un jour, entre deux ruelles sombres, je suis tombée sur une petite librairie. Un mur de brique rouge, une porte en bois taillée à la main où une clochette avait fait sa marque avec les années, mais surtout, pas de présentoirs dans les fenêtres : que des piles de livres. Comme un marin répondant au chant de la sirène, je suis entrée sans réfléchir. Je ne cherchais rien, je n’avais besoin de rien; je voulais sentir les livres sous mes doigts. Des livres qui avaient du vécu; qui avaient été lu et aimé. Mais mes doigts ont caressé un livre qui a accroché mon cœur; une magnifique couverture bleu royal, un dos doré et une étoile bigarrée au centre de la couverture. J’avais oublié que ce sont ces livres dont on n’attend rien qui renferme les histoires qui nous bouleversent.
Dès les premiers mots, j’ai retrouvé ces émotions oubliées, ces émotions qui avaient été trop longtemps aseptisées. Les mots avaient des couleurs, de la chaleur, une senteur. Au-delà des mots, les pages respiraient; un livre vivant. J’ai dû moi-même m’arrêter pour respirer; je retenais mon souffle depuis si longtemps. Je me suis couchée sous le soleil pour le sentir embrasser ma peau, j’ai vu les couleurs et la vie qu’elles portent, j’ai senti la rosée du matin et la sécheresse de midi. J’ai vécu si longtemps avec des émotions en cages, des émotions ordonnées et aseptisées, que je ne savais plus comment les traiter lorsqu’elles sont en liberté. Mais j’ai appris qu’il suffit de les reconnaître, c’est tout ce qu’elles veulent. Certaines personnes craignent les émotions en liberté, car certains croient que la liberté est une perte ou un manque de contrôle. Pour moi, c’est la cage qui est la perte de contrôle, car c’est dans la liberté qu’elles sont vivantes, mes émotions.
Il y a de ces rencontres qui vous chamboulent, comme ces livres perdus dans le fond d’une librairie désordonnée. Des rencontres que l’on sait parfois temporaires, mais comme les livres, ce n’est pas la longueur de l’histoire qui lui donne son importance. C’est la vie qu’elle fait pousser en vous, la graine de bonheur qu’elle sème dans votre cœur et qui y prend racine. Certains redoutent ces rencontres à la fin prédéfinie, comme d’un livre dont ils auraient lu la dernière page. À quoi bon se chambouler si on connaît la fin de l’histoire?
Ce à quoi je réponds : il y a pire que de connaître la fin d’une histoire. Il y a de ne pas en vivre. Il y a de lire un long roman qui se termine sans émotion, un roman qu’on repose sur la tablette dès la dernière ligne lue et dont on oublie presqu’immédiatement l’existence.
Et puis, tous les livres se relisent. Mais qui relirait un livre dont la seule marque laissée est l’indifférence? À quoi bon une bibliothèque pleine si tout ce qu’on y trouve sont des mots sans couleur?
Pour l’instant, je corne le coin des pages que je voudrai relire lors des journées froides, j’annote les passages qui me bousculent et je m’arrête sur les phrases qui sèment fleurs ou tempêtes en moi. Pour l’instant, je chéris chaque mot comme s’il venait avant le point final. Pour l’instant, je regarde mes émotions papillonnées pour la première fois depuis longtemps.
Je vis.
Et puis, pour ceux qui demande : et demain? Demain, j’aurai toujours ce livre. Sa première lecture ne m’appartiendra plus jamais, mais les pages aux coins cornées seront toujours là et les mots, bien que refroidis, ne s’effaceront jamais. Demain, je vivrai toujours, car il est beaucoup plus facile d’apprendre que d’oublier.
Je t’aime dans le temps. Je t’aimerai jusqu’au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t’aurai aimée. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra jamais être effacé.
Jean d’ormesson
Parce que le monde t’a accueillie ce jour en témoin de l’inexpiable, tu seras un homme, ma fille!
Blaise ndala, dans le ventre du congo
7.5/10
Dans ce roman, nous suivons l’histoire de la princesse Tshala Nyota Moelo, princesse du prestigieux royaume précolonial Kuba, puis de sa nièce homonyne, Nyota; « étoile à qui le fleuve demande son chemin ». Tshala, en tombant amoureuse d’un jeune colon Belge, s’affranchit de ce titre royal et fuit sa ville natale pour obtenir la protection de son amant à Léopoldville (Kinshasa aujourd’hui). Malheureusement, Tshala osa poser l’un des pires actes aux yeux de l’homme fier : l’humilier. Ainsi, on la forcera à voyager jusqu’en Belgique pour l’exposition de 1958 et où, 45 ans plus tard, sa nièce tentera de la retracer afin de trouver les derniers morceaux d’un puzzle familial qui permettrait au roi Kuba d’enfin trouver la paix. Blaise Ndala navigue avec une plume poétique dans les eaux troubles qu’était l’époque du Congo Belge. La note imparfaite que je lui donne s’explique par le simple fait qu’on retrouve dans ce livre de nombreux personnages et quelques époques qui s’entremêlent sans que tous les liens soient bien expliqués, ce qui peut perdre un peu le lecteur. Autrement, l’histoire est aussi poignante que la plume est chantante; une belle lecture à faire au son de la musique de Wendo Kolosoy (qu’on retrouve d’ailleurs dans ce livre!) et qui pousse très certainement à la réflexion.
L’expo 58 de Bruxelles regroupa, comme toutes les expositions universelles, de nombreux pavillons présentant les avancées technologiques et artistiques de différents pays. À cette époque, ce qu’on connaît aujourd’hui comme la république démocratique du Congo était toujours le Congo belge. Afin de démontrer au monde comment ce pays bénéficiait de la colonisation Belge, le gouvernement monta un pavillon représentant un « village typique » avec des figurants, bien sûr, Congolais. Ce « village » était évidemment une caricature de ce qu’était réellement le Congo et doit porter son nom véritable : un zoo humain. Un zoo où les visiteurs leur lançaient des bananes. Les traitaient de singes. Les touchaient. Un zoo qui leur faisait perdre toute humanité.
Ces hommes et ces femmes ont donc été montrés dans ce parc comme chair à badauds, autrement dit des créatures censées nourrir notre curiosité à l’égard du sauvage. Ils nous ont permis de légitimer une fois de plus l’entreprise coloniale comme projet de société, aux yeux de nos compatriotes qui auraient pu douter de ce que notre mission civilisatrice avait apporté aux indigènes d’Afrique centrale. Je ne m’y serais pas impliqué si je ne pensais pas que cela n’avait rien d’immoral, même s’il y avait manifestement des maladresses que l’on aurait pu corriger. Les souvenirs ont beau être vivaces au moment où je couche ces lignes dans la moiteur de la nuit ardennaise, c’était une autre époque, dans un monde autre, mon cher Francis. Mais même si telle est la vérité, je dois te confesser que dès le jour où j’ai regardé pour la première fois un de ces Africains dans le fond des yeux, j’y ai vu la couleur du mensonge le mieux partagé de mon époque. Puisque nul ne peut mentir à sa propre conscience, un gros doute a germé au fond de mon esprit. Un doute qui s’est transformé en malaise, puis en révolte. Contre moi-même, à l’évidence, pour n’avoir pas réussi à faire entendre à l’intérieur de mon comité la petite voix qui, depuis le début, me disait avec insistance que plus que de cautionner de simples maladresses, nous commettions une faute morale.
Blaise Ndala, Dans le ventre du Congo
Vous ne m’en voulez pas d’avoir utilisé le mot Nègre, j’espère? Je suis incorrigible, c’est Noir qu’on dit de nos jours, oui?
Blaise ndala, Dans le ventre du congo
Aujourd’hui, la République démocratique du Congo n’est plus le Congo belge. Aujourd’hui, il n’y a plus de zoo humain. Malgré tout, le racisme est toujours présent. En cherchant l’origine de la photo présentée ci-haut (que je n’ai malheureusement pas trouvé, donc si vous la connaissez, faites-moi signe!), j’ai vu des commentaires qui m’ont donné des haut-le-cœur, des commentaires démontrant un manque d’humanité qui me parait impossible. En 2014, un joueur de football se fait lancer une banane sur le terrain, 56 ans après que les figurants du zoo humain de l’expo 58 s’en soient fait lancer. Le même geste, la même terrible signification. Aujourd’hui, le racisme est toujours présent.
Un jour, il y a quelques années, je suis allée visiter un camp de concentration, à Dachau. À la sortie des chambres à gaz, je suis restée seule longtemps à fixer cette cabane qui me semblait trop petite pour l’ampleur de sa terrible histoire. Un homme âgé m’a apostrophé, m’a parlé en allemand d’abord, anglais ensuite et finalement français. Il m’a raconté en détail ce qui se passait dans ce camp à l’époque, ce qui se passait dans cette cabane trop petite, il en parlait comme s’il y était. Et c’est tout comme : toute sa famille est décédée dans ce camp. Il avait fait le tour des camps en Pologne et en Allemagne et gardait Dachau pour la fin, tombeau de sa famille. Cet homme, finalement, comme pour expliquer le discours qu’il me faisait m’a dit : « J’ai pardonné aux Allemands. Il faut pardonner, mais jamais oublier. Et pour ne pas oublier, il faut en parler. Si on oublie, l’histoire se répètera. »
Alors, en l’honneur du mois de l’histoire des noirs se déroulant du 1er février au 1er mars, parlons-en. Parlons pour que l’histoire ne se répète pas et que, chaque jour, nous devenions meilleurs.
Il y a 60 ans, l’Expo 58 et son « zoo humain »
Le zoo humain de Tervuren (1897)
Mois de l’histoire des noirs : Honorer le passé, inspirer le futur
ASALH : Association for the Study of African American Life and History
Mais vous faites fausse route en donnant à une voix isolée plus de pouvoir qu’elle n’en a jamais eu. Vous faites fausse route parce qu’une telle voix peut sauver une brindille du feu, mais jamais elle n’empêchera la savane de brûler. C’est la savane qu’il eût fallu préserver, enseignant, la savane et rien de moins. Et dans le drame qui nous préoccupe, ce n’est point l’échec de votre père qu’il faut déplorer, c’est l’échec de son temps, qui est aussi le mien, un échec que rien ne pourra altérer. Je vous parle de ce temps qui avait tout réuni pour que face aux flammes allumées par le mépris et l’ignorance, la savane faite de nos vies amoindries, de notre grandeur bafouée et de nos misères entretenues, parte en fumée sans émouvoir nos maîtres tout-puissants – eux qui étaient venus à nous au nom d’un dieu nommé Amour, un Esprit qu’ils trahirent sous nos yeux sitôt qu’ils se rendirent compte qu’ils ne pouvaient mener à bien leur projet en ayant les mains liées par ses Dix Commandements.
Blaise ndala, Dans le ventre du congo
Ce jeudi 27 janvier était la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste et cette journée, mélangé avec ce que nous vivons aujourd’hui m’a rappelé un excellent livre rappelant la dangerosité d’un mouvement. Donc, c’est un peu en retard (mais jamais toujours d’actualité) que je vous en parle!
8/10
« The Wave » de Todd Strasser (VO de « La Vague)
Ce livre est inspiré de véritables évènements survenus dans un lycée de Palo Alto en 1969. On y suit le développement rapide et innatendu d’une expérience psychologique sur le nazisme, expérience mise en place par l’enseignant Ben Ross suite à son incapacité à répondre à la question de ses élèves : comment est-ce qu’autant de gens ont pu embarquer dans le mouvement nazi et ne pas dénoncer les atrocités qu’ils voyaient? Ne trouvant pas la réponse dans les ouvrages historiques, il en vint à la conclusion que ses élèves devaient le vivre afin de le comprendre. Ainsi naît le mouvement de « la vague ».
Ce livre est psychologiquement effrayant, car il est basé sur une histoire vraie. J’ai lu plusieurs critiques qui le trouvent trop « simple », qui disent qu’avec LEUR génération ça ne pourrait pas arriver, qui croient que l’évolution des personnages est irréalistes. À ces gens je dis : les élèves en 1969 croyaient fermement que la deuxième guerre mondiale était loin dans le passé et qu’EUX ne se laisseraient jamais embarquer dans un tel mouvement. Je leur dis que l’expérience n’a duré qu’une semaine et l’école a dû y mettre fin, car elle devenait incontrôlable. Je leur dis, regardez les États-Unis et dites-moi que les gens aujourd’hui ne se laisseraient pas embarquer dans un mouvement. Regardez le monde, les religions, les cultes, les mouvements qui s’établissent toujours. L’effet rassembleur de ces mouvements est ennivrant et rassurant et il est malheureusement naïf de croire que ce genre de choses ne se produit plus aujourd’hui et n’arrivera plus jamais et que vous y êtes immunisés plus que les autres.
Un des questionnement important du livre se résume à ceci : « pourquoi ne sont-ils pas d’accord avec nous? ». Nous nous sommes tous déjà posé le même genre de question, lorsque nous croyons fermement à quelque chose nous ne comprenons pas comment des gens peuvent penser différemment et, au fond, c’est cela la nature d’un mouvement. Je conseille à tous ce livre qui nous rappelle l’importance de se poser des questions et de développer ses propres idées en s’informant auprès de plusieurs (bonnes) sources.
Lorsque j’ai écris cet article la première fois, nous étions en tout début de Covid. Je le relis, je le trouve d’actualité, mais je me pose davantage de questions. Je mentionnais plus haut l’importance des recherches auprès de bonnes sources, mais avons-nous tous la même capacité à différencier les bonnes sources des mauvaises? Et, même avec les bonnes, avons-nous tous la même capacité à les comprendre? Dans le contexte actuel, beaucoup d’informations scientifiques circulent et la majorité des gens (moi la première) n’avons pas les connaissances nécessaires pour bien les décoder, mais tous ne semblent s’en rendre compte.
Toute notre vie, nous avons fait confiance à l’avis de diverses spécialistes afin de prendre des décisions éclairées. Aux vétérinaires pour nos animaux, aux financiers pour nos placements, aux enseignants pour l’apprentissage de nos enfants, aux mécaniciens pour nos véhicules, etc. Bien sûr, tous les spécialistes sont humains, nous avons chacun eu de mauvaises expériences et avons perdu confiance en l’un d’eux. Mais le généralisons-nous à l’ensemble de ces spécialistes? Si nous avons une mauvaise expérience chez un vétérinaire, la majorité des gens vont-ils chercher un nouveau vétérinaire, ou traiter eux-mêmes leur animal? Nous ne pouvons pas être des experts dans tous les domaines, ce n’est pas humain. C’est, entre autre, ce qui fait que nous vivons en société; nous dépendons les uns des autres pour survivre, mieux vivre et progresser.
Dans le contexte actuelle, est-ce la peur qui empêche certains de faire confiance aux spécialistes dont nous avons cruellement besoin en ce moment? Quelle est la limite entre les questionnements sains et les malsains? Est-ce parce que le gouvernement dit de faire confiance à ces spécialistes que certains ne le font pas; est-ce pour certains un trouble d’opposition?
Quand nous le vivons, il est difficile d’argumenter, de trancher, de juger; nous n’avons pas le recul, ni toutes les informations. Les gens argumentent avec des émotions plus qu’avec des faits. Beaucoup ont perdu confiance en leur gouvernement, partout dans le monde, les gens sont épuisés. Mais la question reste : parmi les mouvements auxquels nous faisons face actuellement, lequel s’avérera être le plus néfaste?
Le monde effréné, un jour, s’est arrêté Pause : silence inquiet, mais paisible. Une semaine, un mois; tranquillité. Mais plus? C’est inadmissible! Ont crié certains, fourmis dans les jambes. Laissez-moi vivre, sentir, bouger! Ont-ils persisté, fourmis dans les jambes. J’ai observé; silencieuse, à part Écoutant les opinions épars Me les refusant, refus de blesser Refus d’être contestée, besoin d’être aimé. J’ai profité, j’ai apprécié chaque minute De ce reclus forcé et j’ai attendu une chute Qui n’est jamais venue; aucun ombrage Chaque minute, j’ai profité d’un ciel sans nuage. J’ai observé l’Histoire se dérouler Les yeux fermés pour m’éloigner Ne pas prendre part pour ne pas blesser, Ne pas me moquer de l’ironie de la vie; Ceux qui l’ont, à tout prix, vont le refuser Ceux qui le veulent à tout prix, se le font nier. Est-ce à quoi se résume notre instinct de survie? Et aujourd’hui? Aujourd’hui, c’est la culpabilité qui m’emplie; Culpabilité de ne pas souffrir, Culpabilité de ne pas que survivre, mais vivre, Culpabilité de n’avoir su former d’opinions Et pourtant, croire que j’ai raison. Culpabilité d’avoir profité Chaque jour, de cette pause forcée Culpabilité de n’être jamais seule Face aux isolés et mal accompagnés, Culpabilité de ne pas vivre le deuil D’une vie effrénée. Non, ce n’est pas le désespoir qui m’atteint Dans cette vie nouvelle, mais tous les matins C’est la culpabilité, ironique et douloureuse La culpabilité de ne pas être malheureuse.
Nouvelle semaine, nouvelle lecture! Pour ma part, je commence la semaine avec une lecture légère de laquelle j’ai entendu beaucoup de bien: Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi.
Il fait soleil et le ciel est d’un bleu glacé sans nuage; quoi de mieux qu’un livre doux pour accompagner une telle journée?
Vous laissez-vous parfois inspirer par la température pour choisir vos lectures?
Avez-vous lu ce livre?
Et vous, que lisez-vous en ce beau lundi?
Bonne semaine les lecteurs!
C’était peut-être ça, Manikanetish, après tout. Ce que voulait nous léguer la Petite Marguerite. Elle voulait nous apprendre ce que devait être réellement l’enseignement. Élever les enfants des autres. Leur tendre les bras, les aimer. Devant toutes choses, désirer les voir devenir grands.
NAOMI FONTAINE, MANIKANETISH
10/10 – Coup de cœur
Manikanetish, c’est l’histoire de Yammie, une jeune enseignante de français dans une école sur la réserve innue d’Uashat, et de ses élèves. De Mikuan la maternelle, de Marc l’ambitieux, de Myriam la timide, de Mélina l’écrivaine, de Marithée la blessée et de Rodrigue le dur au cœur tendre. Plus qu’une histoire, c’est l’hommage qu’une enseignante en crise identitaire fait à ses élèves qui lui ont autant appris sur la vie qu’elle leur en a apprit sur le français. Peut-être même davantage. Manikanetish, ce sont des humains qui évoluent, côte à côte, et se soutiennent face aux injustices de la vie. Manikanetish, c’est le legs de Petite Marguerite; le legs de tous les enseignants dévoués qui voient leurs élèves non comme une tâche, mais comme ce qu’ils sont : des humains.
Émouvant. C’est le mot qui vibre dans mon esprit depuis que j’ai terminé cette belle lecture. Un livre aux phrases courtes, mais puissantes, qu’on dévore en une heure à peine. Une heure où j’ai tout de même versé des larmes à deux reprises et où j’ai souris plus de fois que je ne peux compter. L’auteure ouvre une fenêtre sur la vie innue au Québec, une toute petite fenêtre intrigante qui donne envie d’ouvrir grand la porte et découvrir ce monde dont on parle trop peu. Naomi Fontaine est une auteure dont je suivrai assurément le parcours de près!
M’avait-on déjà humiliée parce que j’étais Innue? Peut-être une fois ou deux. Pas suffisamment du moins pour que la honte s’établisse. Et pourtant, elle était là, liée à mon incapacité à m’identifier à eux. À ce eux qui aurait dû être ce nous. Le nous me glissait dans la gorge lorsque je devais expliquer mon appartenance.
Naomi Fontaine, Manikanetish
Comment se trouve-t-on lorsque nous nous sentons étranger partout? Lorsque les « autres » nous font sentir différents et les « nôtres » nous font sentir comme ces « autres » ? Dans quel monde vivons-nous lorsque nous craignons de parler, car nous notre accent trahit notre parcours dans toutes les langues? Dans quel monde vivons-nous lorsque nous sentons que nous devons avoir honte de ce parcours? Je n’ai jamais eu à vivre une telle crise identitaire, chose que j’admets avoir tenue pour acquise trop souvent au cours de ma vie. De telles lectures nous permettent d’ouvrir les yeux sur un monde si différent et, pourtant, parallèle au nôtre. Ainsi, les yeux ouverts, nous pouvons devenir de meilleures personnes aspirant à un monde plus juste. Un jour à la fois.
Et vous, quels sont vos coups de cœur de l’année jusqu’à présent?
Avez-vous fait des lectures sur la vie autochtone, ou d’auteurs autochtones, qui vous ont marqué?
Finalement, avez-vous lu ce livre?
Nous étions ailleurs, très loin des livres et des bureaux. Très loin des réseaux sociaux et des commérages de la réserve. Très loin de la souffrance et des drames familiaux. Plus loin encore que tous les endroits où j’avais déjà posé les pieds. Et pourtant nous étions si près. Si près de soi.
Naomi fontaine, Manikanetish
Tu ne peux pas rester dans ton coin dans la forêt en attendant que les autres viennent à toi. Parfois il faut aller vers eux.
winnie l’ourson
En cette Journée internationale des câlins, où nos contacts physiques sont toujours limités, je me tourne vers mon ourson préféré : Winnie. Winnie qui, avec ses paroles naïves mais emplies d’amour, rassure les enfants et émeut les grands. Divisés en plusieurs petites histoires plus charmantes les unes que les autres, ces livres sont toujours une source de réconfort et de sourires garantis, me ramenant aux jours insouciants de mon enfance. Je les relis parfois en espérant, un jour, pouvoir faire découvrir les sages paroles de l’ourson à un tout-petit à mon tour.
Alors aujourd’hui, agissez comme Winnie, allez vers quelqu’un. Offrez un câlin, réel ou virtuel, à un proche, afin de réchauffer son cœur dans ce creux hivernal et lui permettre d’oublier quelques instants tous ses soucis.
Et, je sais bien, ce n’est pas Winnie sur la photo, mais malheureusement je ne possède pas de peluche du fameux ourson! Alors voici son cousin, Wilfried.
Et vous, quelles lectures vous réconfortent? Et quelles histoires aimeriez-vous faire (ou avez déjà faites) découvrir à un enfant?
Bonne Journée internationale des câlins!
Vivre avec un Berger Australien (et ça tient aussi pour bien d’autres races de chiens) c’est vivre avec : du poil, de l’énergie, aucune vie privée, un lit jamais vide, mais surtout, de l’amour à l’infini.
Lire avec un Berger Australien c’est avoir un museau qui pousse le livre jusqu’à ton nez, une patte entre les pages et des jouets qui apparaissent de nulle part sur tes jambes.
Alors, on flanche, on s’habille pour nos grands froids Canadiens et on va dehors. On lance la balle, on court après cette boule d’énergie qui ne veut pas nous donner la balle, mais plutôt qu’on l’attrape (peut-être qu’il trouve qu’on a pris un peu trop de poids pendant le temps des fêtes???) et on re-lance la balle. On tente de cacher la balle dans la neige, mais la petite fripouille est plus vite que nous. Donc on le fait sauter, coucher, asseoir et sauter encore.
Finalement… Finalement, quand les pattes commencent à lever (le poil ça fait pas tout quand même par nos froids!), on s’installe, tout collés, avec un bon chocolat chaud et un excellent livre. Et à cet instant, lire et vivre avec un Berger Australien, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps.
Et vous, avez-vous un parfait compagnon de lecture?